La buée avait envahie la salle immaculée.
La main se posa sur le bouton marqué d'un point rouge, et le tourna vers la droite. Une cascade d'eau brûlante jaillit alors d'au-dessus de sa tête et s'abattit sur sa chevelure et ses épaules musclées. Raito lâcha un soupir de satisfaction et se frictionna la tête pour chasser les bulles de shampooing.
Les filets d'eau chaude continuait de couler sur sa peau claire , alors il leva la tête, yeux clôts, offrant son visage aux vapeurs et à la pluie violente.
La chaleur continua a se propager sur son corps une minute tout au plus, puis il éteignit l'arrivée d'eau. Sa main sortit de derrière le rideau de douche et tâtonna jusqu'à une serviette blanche comme le reste de la pièce. Il attira la serviette contre lui et entreprit de se sécher sommairement. Il l'enroula autour de ses hanches, et sortit de la cabine. Une douche, juste après son dernier cours, il en avait rêvé toute l'heure qui précédait.
La paume de sa main alla former une trace sur le miroir en face de lui pour lui enlever de son opacité, il passa ses mains dans ses cheveux pour les égoutter, puis attrapa ses vêtements qui jonchaient le sol.
Il poussa la porte et se retrouva dans sa chambre. Il n'y avait personne, tant mieux.
D'un geste habile, il lança les habits sur son lit, et s’avança vers ce dernier.

Un sourire éclaira son sublime visage, un rayon de lumière filtrait par la fenêtre et venait donner une étincelle dorée à ses yeux si obscurs. Il s'affala sur son lit, et fixa le plafond.

« Pas de cours cet après-midi, c'est royal. Mais que pourrais-je bien faire... »

Raito tourna la tête vers la porte. Il était colocataire avec une fille pour le moment, Aïsha. Si elle venait à entrer, la situation risquait d'être embarrassante...
Sa tête se redressa, cherchant la pile de ses vêtements du regard.
Puis dans un soupir, il la rabaissa. Elle ne viendrait pas, elle a sûrement cours à cette heure ci...

Quelques minutes de détente passèrent, puis une petite brise passa sur la peau du jeune homme, lui arrachant un frisson.
La fenêtre n'était pas complètement close. Il leva les yeux au ciel, et posa ses pieds sur le parquet.

Un pas, deux pas, puis il empoigna le battant avant de le rabattre. Cependant, il resta quelques instants à regarder par la fenêtre. Le parc, avec ces élèves en pleine activité. Il restait impassible devant toutes ces démonstrations d'affection, les quelques dragueurs du fond qui s'attaquaient à des danseuses trop bien fichues pour eux... Il rit doucement, puis un bruit se fit entendre derrière lui.
Il se retourna alors, subitement.

Une dernière petite touche de peinture, et plus qu'à laisser sécher ! Aïsha recula d'un pas et contempla longuement son œuvre. Elle y avait passé toute l'après midi, mais malgré tout, le résultat lui semblait médiocre. Une vague de frustration envahit la jeune fille, et, trempant son plus gros pinceau dans un pot de peinture rouge, elle traça d'un geste rageur une longue traînée rouge vif sur sa toile. Puis une deuxième. Et une autre encore, et encore, jusqu'à ce qu'elle eu fini de se défouler.
Au final, le résultat de cet après midi se résumait à un pot de peinture en moins et une jeune fille couverte de tache de la tête aux pieds. Mais bon, comme disait le proverbe, c’était en forgeant que l'on devenait forgeron ! Il fallait persévérer, que diable !
Aïsha rassembla toutes ses affaires et quitta l'atelier de peinture, laissant dernière elle sa toile bariolée. Les agents d'entretiens se chargeraient de s'en débarrasser.

Sur le chemin du retour, Aïsha fit le point sur la situation. Depuis qu'elle était arrivée au pensionnat, ses résultats en matière de dessin n'avaient pas connus de grande envolée, mais il fallait reconnaître que son séjour avait également quelques aspects positifs. A commencer par son colocataire, le beau Raito, qui, pour le moins, ne la laissait pas de marbre. A ces pensées, les joues d'Aïsha s'empourprèrent légèrement et elle se hâta de regagner sa chambre.

Elle monta les escaliers où elle intercepta son reflet dans une vitre. Ses vêtement, ses mains et sa figure étaient parsemés de taches multicolores. Au moins, on savait d'où elle venait ! Aïsha farfouilla dans son sac à la recherche de sa clé, une quête assez ardue dans le fatras de crayons, pinceaux et emballages de barres de céréales dont elle avait fait son repas. Quand elle l’eut enfin trouvée, elle l'inséra dans la serrure, le tout pour se rendre compte que la porte était déjà ouverte. Décidément, ce n'était pas son jour de chance aujourd'hui. Passablement énervée, elle ouvrit vivement la porte … Et se retrouva nez à nez avec un Raito sortant visiblement de la douche et a moitié nu.

Pas son jour de chance avait-elle dit ?